1 juillet 2014

La grande vie


La grande vie, c'est la poésie. Celle-ci ne se limite pas à la littérature, elle est liée à la vie. Le véritable poète est celui qui mène une existence poétique dans ses pensées, ses actes et ses sentiments. « Pourquoi ne nous dit-on jamais que la résurrection commence dès cette vie et que toute parole ivre est une rose de sang, éclatante reine du néant de nos jours? »

Voilà. D'entrée de jeu, je vous dévoile le « secret » du dernier livre de Christian Bobin (perle d'entrevue de François Busnel, La grande librairie). Les voies d'accès rapides au monde poétique, outre la lecture et l'écriture, s'incarnent dans la nature et ses subtils murmures... Je demeure encore subjuguée par la lumineuse prose de cet écrivain qui, autrefois, m'avait littéralement charmée entre autres avec Le Très-Bas. Profitant du soleil ardent des vacances, j'ai lu d'un trait La grande vie, celle qui nous écrit des lettres dans le silence de notre coeur. Celui-ci est la meilleure chambre noire, le plus fiable appareil-photo qui soit.

Certes, les citations, celles que l'on extirpe volontiers des oeuvres lues et que l'on dévoile au grand jour, complètement décontextualisées, trahissent et dénaturent bien souvent l'esprit des oeuvres. Consciente de laisser ici bien plus d'ombres que de lumière, je partage néanmoins quelques pensées entremêlées de vastes figures de style que j'ai appréciées. « Il y a des livres qui agissent même lorsqu'ils sont fermés. » C'est le cas, précisément, de La grande vie. Tel le visage d'un ami, même lorsqu'il ne parle pas, il nous inspire quiétude et réconfort.

« S'il y a un dieu, alors c'est un joueur. Il assemble puis il sépare. Il élève puis il brise. Il monte des châteaux d'atomes enluminés -ce que nous appelons nos âmes-, puis il passe en coup de vent, éteint toutes les lumières, reprend les atomes, les briques, les soupirs, les réassemble autrement ailleurs, sous la forme passagère d'un palais, d'une cascade ou d'un éclat de rire… »

« Nous avons dans la poitrine un rideau rouge derrière lequel sommeille un animal divin. Le rideau rouge le rend sacré de ne pas apparaître à toute heure du jour et de la nuit. Le rideau aux longs plis de sang protège un amour qui ne va vers aucun visage, aucune chose, aucun nom. Il aide cet amour à grandir dans le secret. Parfois le rideau se lève. Dieu visite ses provinces. Appelons Dieu cette force qui imprévisible monte au coeur, réjouit les yeux et fait sauter la banque de la pensée… »

« Ceux qui nous sauvent de notre vie ne savent pas qu'ils nous sauvent. »


Bonne lecture, si vous prenez le temps de lire en savourant pleinement le moment présent, celui qui ne reviendra jamais dans le palais de votre belle et grande vie. 

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