14 avril 2014

Chronique sulfurique

C'est lundi. La nature revit. La terre respire enfin (quoique difficilement si l'on se fie au dernier rapport d'Environnement Canada en ce qui concerne les GES). Il pleut et ce crachin est une douce musique à mes oreilles. C'est le grand réveil printanier et il me tarde de prendre la bêche et le râteau pour me salir les mains déjà plissées par l'âge, puis entamer mon jardin. Après l'avoir cultivé en mon for intérieur cet hiver, je suis enfin prête pour semer des fleurs et des légumes dans la cour de ma maison jaune ancestrale. 

C'est aussi la semaine sainte, à ce qu'il parait. Pourtant, je me sens le diable en personne. J'irais bien me blottir sous les couvertures jusqu'à l'aurore, mais je me suis fait une petite promesse intérieure, celle d'écrire plus souvent. Je manque de pratique assidue et mes idées n'en peuvent plus d'attendre le jour où je serai moins (pré)occupée! De la chenille au papillon, je suis mûre pour une transformation. Voilà.

J'écoute très (très) peu la télévision, mais parfois, je me laisse tenter par Tout le monde en parle. J'aime bien découvrir des personnalités fortes et inspirantes, allumées et engagées.  Hier, le nouvel académicien Dany Laferrière m'a une fois de plus charmée. En le lisant, en l'écoutant, je m'offrirais une retraite. Je boirais du thé pour lire le jour et du café pour écrire la nuit. À la main j'écrirais. Ma calligraphie je chérirais. Les lettres, les proses et les récits deviendraient ma nouvelle voie…

Justement, La Voix, dont tout le monde parlait vraiment aujourd'hui, n'a fait qu'exaspérer mon désir de parler d'histoire, de politique et de langue. Cette émission n'est certainement pas ma voie, en tout cas, comme toutes les productions soi-disant près de la « réalité ». Que de belles inepties et sottises! Ça me fait penser à un roman d'Amélie Nothomb, Acide sulfurique, récit de science-fiction dont l'univers est un camp de concentration qui sert de décor à une émission de télé-réalité. 

Ainsi, on y filme des prisonniers choisis de manière aléatoire dans la société. Sous le regard des téléspectateurs, des hommes et des femmes sont maltraités, puis ensuite tués. Les cotes d'écoute augmentent et fracassent des records. Chacun s'offusque de la situation, mais tous sont rivés devant leur écran jour après jour. L'héroïne du récit dont le matricule est le CKZ 114 parlera aux caméras afin de livrer un discours qui a frappé mon imaginaire. Elle accuse le grand public d'être le grand responsable des tueries. En écoutant l'émission, les spectateurs justifient les intérêts financiers des producteurs. Ils deviennent des complices, donc des assassins.

Poignant. Vif. Percutant. Bref, de l'acide sulfurique pour nos consciences endormies par le sensationnalisme et les artifices télévisuels… Pendant ce temps, on coupe les subventions à la télévision publique de Radio-Canada. Qui s'en offusquera et élèvera la voix?



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Une chronique qui m'inspire, par ici.
Un point chaud qui me convainc, par .

Bon lundi!

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