15 janvier 2013

Crée-moi, crée-moi pas...

Hier soir, j'écoutais un documentaire de Geneviève Rioux, Crée-moi, crée-moi pas. Un des questionnements évoqués, entre autres, par Nancy Huston, Évelyne de la Chenelière et Valérie Blass (et j'en passe), consistait à savoir si la maternité nuisait à la création. Dans tous les cas, ce qui ressortait, c'est le fait qu'avoir des enfants nous fait perdre un précieux (et sacré) espace-temps pour soi. En décidant d'élever des enfants, c'est comme si le monde entier reposait sur nos épaules. La vie tourne autour de nous. Pas facile de laisser une place à nos élans créatifs quand nous sommes le centre de l'univers familial. Combien de fois entendons-nous notre ego crier au secours, hurler qu'il étouffe? Une partie de nous négligée veut à tout prix exister.

Or, dans le brouhaha du quotidien, il est souvent difficile de concilier travail-art-famille. On veut réussir sur tous les plans, sur tous les fronts. Est-ce possible? Peut-être. Évelyne de la Chenelière, grande muse que j'admire, mentionnait que cette fameuse contradiction entre l'art et la famille n'était en fait qu'une barrière intellectuelle. Selon elle, toute créatrice ne devrait pas restreindre son art, même avec les innombrables tâches d'une maman. La vie familiale ne peut qu'enrichir et soutenir la vie artistique et professionnelle. Son conjoint, le comédien Daniel Brière, mentionnait qu'elle était capable d'écrire à son bureau, et ce, dans un corridor de la maison, avec le va-et-vient incessant et bruyant des enfants. Le soir, lorsque les petits étaient au lit, le véritable travail créatif prenait forme. Vous reconnaissez-vous?

Enfin, le documentaire mettait en lumière le fait que les femmes devraient prendre davantage leur place dans le monde actuel. Toutes les faiblesses, les failles et les incertitudes qui nous habitent, celles qui nous font douter (à tort ou à raison), celles-ci devraient se transformer en moteurs de création. Oser changer, oser créer et faire sa marque. Défaire les préjugés, foncer la tête haute même si le coeur est fragile. Justement, cette fragilité deviendra notre force et notre alliée. Et si on osait être soi? Et si on osait se créer, même si on n'y croit pas encore?

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Le clic (ou déclic) du jour : Le thé qui rend intelligent, pourquoi pas?

Une chouette idée que celle-ci.

La plume de Mamanbooh ne laisse personne indifférent : L'émotion comme moteur de création

2 commentaires:

  1. Je n'ai pas vu le documentaire (je suis à l'étranger, comme tu sais), mais tout ça me fait réagir énormément, m'interpelle, me touche. J'essaie de terminer une thèse entreprise il y a plusieurs années (avant d'avoir des enfants) et, il n'y pas de règle absolue, mais pour moi, je dirais qu'il faut se donner du temps pour apprivoiser notre nouvel état de maman qui chez moi a pris toute la place pendant un bon moment. Retrouver un espace à soi, ça ne se fait pas sans que les enfants grandissent un peu, deviennent autonomes. Je ne crois pas que ce soit des barrières intellectuelles, comme le prétend EdC mais plutôt physiques, une incapacité à tout couvrir, à tout unifier puis à compartimenter à nouveau pour pouvoir créer. Quant à occuper plus de place, je pense que lorsqu'une plus grande place sera faite aux enfants dans tous les domaines (travail, loisirs, société en général) et que les pères continueront de prendre de plus en plus les choses "en main", à ce moment, les femmes pourront occuper plus de place sans sacrifier une partie importante de ce qu'elles sont. Je te laisse sur cette citation de Nicole Kraus (auteure américaine) que mon conjoint m'a fait lire un jour, parce qu'il savait que ça parlait aussi de moi : "There was a moment, quite a long moment, after my son was born when I wondered whether my ambition would return to me. I remember sayong to my mom : my inner life has gone. But eventually, it flowed back, and when it did, I was surprised how much depth of feeling flooded into work. Everything…trembled. And now, I am so grateful for my inner life ; It is almost viscéral, when I am working and alone." Merci de parler de ça ici, je me sens moins seule.

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  2. Chère amie virtuelle, si je peux m'exprimer ainsi, tes mots sont tellement vrais et puissants. En fait, ils mettent en lumière ce que je ressens et pense profondément. L'état de maman, celui qui nous anime et qui prend toute la place, est un état qui crée non seulement des barrières intellectuelles, mais surtout des barrières physiques. C'est profondément ancré en nous, physiquement et émotionnellement. Il vient un temps, différent j'imagine pour chaque femme, où l'on ressent le profond désir de reprendre un espace intérieur (et extérieur) qui nous appartient, qui nous revient. Les femmes ont acquis une grande autonomie (et autorité) dans la société, mais évidemment beaucoup de chemin reste à faire, beaucoup de sentiers encore à défricher. Les hommes ont la responsabilité morale, à mon avis, de nous laisser une plus grande place.

    Merci pour ta belle réflexion, merci également pour la citation de Nicole Kraus. Tu me donnes envies de lire une de ses oeuvres qui siège dans ma bibliothèque depuis longtemps. Sa pensée est juste et éclairante. C'est ce que j'adore avec un blogue, à savoir que l'on partage des idées et les autres les enrichissent pour nous permettre de mieux comprendre nos propres pensées...

    Et voilà, nous ne sommes pas seules... ;)

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