19 septembre 2013

Comme si c'était déjà vrai.

Ce matin, tout le monde mangeait son bol de céréales. A. me fait remarquer que demain, ce sera une journée pédagogique. Je prends conscience qu'elle aura sûrement aujourd'hui même une petite dictée avec ses dix mots de vocabulaire... qu'elle n'a pas encore étudiés. Rapidement, je sors une tablette de papier.

- Oh, non, maman, pas des trottoirs! Je déteste écrire dans les trottoirs...
- On s'en fout, écris tes mots! dis-je, impatiente.

Pas question de poireauter ce matin! Elle écrit donc ses mots, dont cinq fois « arrivée », car elle avait fait une erreur. La semaine dernière, elle avait dû recopier dix fois le mot « enfant »... Marâtre orthographique que je suis! Pendant qu'elle écrit, je lis quelques mots rédigés au début de l'été, dans cette même tablette de papier, lorsque M, petite douceur, était malade. J'étais restée à la maison avec elle.

Comme si c'était déjà vrai.

Comme si j'accomplissais mes rêves et mes projets.

Comme si je me rappelais quand j'étais petite et que je savais qui j'étais, à savoir une vieille âme sur cette Terre.

Comme si je savais enfin dire oui à ce que je suis et non à ce qui me nuit.

Comme si depuis longtemps j'avais refermé la porte de mon coeur, puisque j'avais si peur.

Comme si maintenant le brouillard, le voile de mes peurs se soulevait pour me laisser entrevoir l'île si convoitée de ma destinée.

Comme si, comme Ulysse, mon odyssée avait assez duré, que les dieux plaidaient en ma faveur afin que je retrouve mon bonheur et ma candeur.

Comme si les murs s'écroulaient un à un et que la vérité m'apparaissait sous un nouveau jour.

Comme si enfin mon âme se libérait de sa chrysalide et volait vers le sommet de tous les possibles...

Aujourd'hui, ma fille est encore malade. Des maux de bedon. Quels seront donc les mots qui jailliront de ce temps d'arrêt dans cette course effrénée qui, souvent, tourne en rond?

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