30 mai 2011

Ma Révolution tranquille

Oui, c'est cela, mon cher Lucilius, revendique la possession de toi-même. Ton temps, jusqu'à présent, on te le prenait, on te le dérobait, il t'échappait. Récupère-le, et prends-en soin. La vérité, crois-moi, la voici : notre temps, on nous en arrache une partie, on nous en détourne une autre, et le reste nous coule entre les doigts. Mais il est encore plus blâmable de le perdre par négligence. Et, à y bien regarder, l'essentiel de la vie s'écoule à mal faire, une bonne partie à ne rien faire, toute la vie à faire autre chose que ce qu'il faudrait faire.

Tu peux me citer un homme qui accorde du prix au temps, qui connaisse la valeur d'une journée, qu'il comprenne qu'il meurt chaque jour? Notre erreur, c'est de voir la mort devant nous. Pour l'essentiel, elle est déjà passée. (...) Saisis-toi donc de chaque heure. Tu seras moins dépendant de demain si tu t'empares d'aujourd'hui. On remet la vie à plus tard. Pendant ce temps, elle passe...

Extrait d'une lettre de Sénèque, traduite du latin par Alain Golomb

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Il est si facile d'évoquer le célèbre Carpe diem, c'est-à-dire Cueille le moment présent ou Cueille le jour, mais au quotidien, il est vrai que tout nous pousse à faire autre chose que ce qu'il faudrait faire. Connaître la valeur du temps, se saisir de chaque moment pour apprendre à vivre, comme l'explique le philosophe Sénèque, c'est une tâche si simple, mais qui, dans l'action, est très difficile à réaliser. J'aurais besoin qu'un ange me souffle à l'oreille quelques mots, tous les jours, afin de toujours me rappeler de profiter du moment présent. Lorsque j'arrive à le capter, ne serait-ce qu'un instant, je peux enfin respirer le bonheur, la joie, la plénitude...

Aujourd'hui, j'essaie de m'emparer de ma vie. Ne plus remettre à plus tard, aux callendes grecques. Je me revendique moi-même dans le temps. Ainsi, malgré toutes les tâches quotidiennes, je m'arrête, quelques instants, puis je savoure mon petit chemin de vie, mon curriculum vitae. J'avance, lentement, mais sûrement. Tout se place et tourbillonne, tranquillement. En effet, je vis ma propre Révolution tranquille. Je dois me suivre moi-même, un tout petit pas à la fois, dans la foi qu'il existe, quelque part en mon for intérieur, le texte définitif d'un plaidoyer pour la belle vie...

Merci Élise pour ce lien : Chronique de Foglia sur le temps qui passe... Lisez-la.

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